mardi 24 mars 2020

COMPTE-RENDU SEJOUR 2020



COMPTE-RENDU SEJOUR 2020

Nous avons été avertis qu’une sécheresse sévissait depuis le mois de novembre sur le sud-est asiatique et particulièrement dans les rizières de la plaine centrale de la Thaïlande, Makhamtao se trouvant au sud de celle-ci
La dernière mousson moins généreuse que d’habitude puis la saison sèche, dite hivernale, précoce avec des vents asséchant toute cette zone qui a pour habitude de produire une monoculture : le riz.
Chaume ou brûlis où tout prend feu comme un feu de paille et laisse dans l’air une odeur de fumée qui prend à la gorge.
Les arbres aux feuilles fanées paraissent moribonds, DESOLATION !
De mémoire, cela fait 50 ans que nous n’avons pas rencontré une telle situation. Pas de riz : pas de travail pour les femmes et les hommes à tout faire. Ces journaliers dont le salaire minimum est de 350 bahts par jour, soit à peine 10 €. Cela fait deux mois que la plupart d’entre eux ne travaille pas.
Du chômage ? rien pour les démunis, aucune organisation sociale pour ceux qui font rentrer les devises.
Normalement la Thaïlande exporte plus de 10 millions de tonnes de riz, le pays se situe dans les tous premiers exportateurs de riz – Cette année elle sera en queue de peloton.

LA CRISE ECONOMIQUE.

A notre arrivée, en janvier, 1 €uro s’échangeait contre 33,50 bahts
Une heure de travail : 40 bahts.

Depuis 4 ans, la junte militaire a régulièrement relevé le salaire minimum : la 1ère fois de 30 % puis 3 à 4 % ; petits coups de pouce qui ont fait qu’aujourd’hui le coût de la vie a fortement augmenté, les prix ont bien dépassé l’augmentation des salaires, c’est encore plus difficile qu’avant.
Le prix de la cantine qui a été très longtemps à 12 bahts est maintenant à 20 bahts par repas.
Autres exemples : 1 kg de riz : 32 bahts – 1 litre de lait : 60 bahts – 1 kg de porc tout venant : 150 bahts – 80 cl d’essence pour la mobylette : 40 bahts – une soupe populaire, qui est la nourriture de base : 40 bahts – pour nous les étrangers, si on veut mettre du beurre sur notre pain de mie c’est 600 bahts le kg (20 €) un luxe !

Une monnaie bien trop forte : les exportations baissent en raison d’un baht surévalué.
La Thaïlande n’est pas un pays pauvre, c’est un pays mal géré et corrompu. Les pays voisins étant au même régime (mais pas riches comme celui-ci) pour se prémunir d’une crise profonde, achètent des bahts, ce qui fait monter les cours.

Pour notre part cette année nous avons perdu 20 % de la valeur du change puis plus de 10 % sur l’inflation. L’artisanat que nous achetons sur place pour revendre a lui aussi fait un bond. On arrive à avoir des prix pour la quantité et comme pour eux le commerce est calme, ils lâchent un peu.


VISITE A L’ECOLE DE BAN SAPANYAO

Le 21/01/2020, ce jour, en présence du groupe de marraines et parrains venant de France, nous remettons officiellement la somme de 700 € soit 23 400 bahts = 1140 repas.
Cette école, pour un village d’environ 400 maisons, accueille 235 élèves. Les classes vont de 13 élèves jusqu’à la plus dense avec 28 élèves. BAN SAPANYAO n’a pas d’industrie, c’est un village agricole avec cultures de riz, de manioc et d’hévéa.
La direction s’organise afin que tous les élèves, de la maternelle jusqu’à la 3ème puissent déjeuner gratuitement à la cantine. L’état verse des fonds jusqu’à la 6ème incluse.
Une gestion rigoureuse nous incite à leur apporter notre aide.

Cette année, l'école de Ban Sapanyao est aussi dans une zone de grande sécheresse, elle n'obtiendra pas d'aide pour nourrir ses élèves. Par bonheur, début décembre 2019 dans notre courrier, une enveloppe contenait un chèque de 700 euros pour notre association. Un petit courrier accompagnant ce don nous laissait le choix de la distribution. Pier-Olivier de Paris ayant sa belle-famille à Marolles nous observait depuis quelques années sur nos actions humanitaires en Thaïlande. Nous prîmes contact avec lui afin de le remercier, ce qu'il ne désirait pas ! Un don exceptionnel pouvait aller à une cause exceptionnelle ! Les écoliers ne saurons jamais comment cette aide leur est venue du ciel... !

TROIS VISITES A L’ECOLE DE BAN SATOEY.

Le dernier directeur étant parti, nous sommes retournés dans l’établissement scolaire de BAN SATOEY.
Pour mémoire : celui-ci accueille les élèves de la maternelle à la 3ème. Le collège commence en classe de 5ème. Il y a actuellement 142 élèves alors que 3 ans auparavant l’effectif était de 198 enfants. Depuis deux ans nous avions cessé toute aide que ce soit pour la cantine ou pour l’achat de matériel pédagogique.

Cette fois-ci nous avons été accueillis par la directrice et Kou Modt, nous étions en janvier, avec le groupe. Notre nouvelle directrice est bien consciente du problème puisqu’elle en hérite !
Il faut motiver les élèves qui se sont inscrits dans d’autres écoles à revenir, surtout celles de BAN MI, à 7 km.
Nous présentons nos souhaits ; nous avons été école pilote nationale pendant des années et nous aimerions retrouver cette qualité d’enseignement qui faisait venir de nombreux enseignants des autres établissements pour s’inspirer du modèle BAN SATOEY.
Nous lui avons demandé quelles sont ses urgences. Tout premier point la cantine puis le transport scolaire. Nous quittons cette femme qui vient d’une école du canton où elle était directrice d’une école primaire.

Nous avons tous apprécié cette première rencontre, Kou Modt lui ayant expliqué la façon dont nous avons l’habitude de travailler.

2ème réunion.

Le groupe est reparti vers la France depuis quelques jours, nous sommes tous les deux et nous avons déjà bien réfléchi, sachant que l’ancien directeur est encore le président du conseil d’administration de l’école jusqu’en juillet nous devons faire attention à nos décisions. Mais nous devons faire tout notre possible pour recruter de nouveaux élèves.

La cantine :

L’état finance la cantine pour tous les élèves de maternelle et de primaire. Les repas des 49 élèves du collège (de la 5ème à la 3ème) sont à la charge des familles. Le prix du repas est de 20 bahts, 200 jours d’école dans l’année soit un montant de (20 bahts x 49 élèves) x 200 jours = 196 000 bahts – Voici, dans un premier temps, un budget acquis pour l’école.

Le transport :

L’école possède un seul pick up couvert, il faut faire deux navettes pour le transport des 58 enfants venant tous à BAN SATOEY – six villages au total – problème difficile à solutionner. Une idée sera avancée plus tard par l’ancien Maire de BAN SATOEY – De notre côté nous pouvons envisager un budget car nous n’avons rien versé à l’école durant les deux dernières années.

La directrice nous demande des couvre-chaises. Lors des réceptions, la coutume veut que les chaises en plastique soient recouvertes d’un tissu. J’appelle cela « un cache misère » - Coût : 500 €
Puis je demande s’il n’y a pas autre chose, la directrice ouvre grands les yeux : elle a peut-être le Père Noël en face d’elle ! Je lui dis que le but de cette réunion est de recenser les besoins, tout ne sera peut-être pas accepté, nous allons étudier toutes les demandes.
Après quelques minutes, timidement, elle nous explique que tous les enseignants ont subi les mauvais traitements du directeur, que l’équipe avait été très touchée par cette situation et que la solidarité entre eux en avait souffert. Une sortie de détente entre enseignants leur ferait le plus grand bien.


Nous acquiesçons, nous sommes conscients qu’une bonne cohésion de l’équipe pédagogique est très importante et que cela influe sur les résultats scolaires. Elle souhaiterait qu’ils se retrouvent, une journée et une nuit dans un gîte (7,50 € la nuit) à une centaine de kilomètres de l’école, pour un dépaysement complet. Je lui explique qu’à mon avis, faire cent kilomètres dormir une nuit et revenir, cela représente beaucoup de fatigue plutôt que de la détente. Je lui propose deux nuits, ainsi ils auront une journée complète sur place. Nous proposons un budget de 500 bahts pour l’hébergement et 500 bahts pour la nourriture (par personne). Le transport se faisant avec leurs véhicules personnels.
Cela représente un coût de 18 400 bahts pour l’association soit 542 €.

3ème réunion.

Entre temps nous avons rencontré Kou Modt, le programme lui convient. L’argent est à la banque, nous pouvons débloquer les fonds.
Notre directrice est très émue, nous voulons lui donner sa chance.
Un autre détail (mais très important !) les urinoirs des garçons : la maçonnerie est usée, les urinoirs descellés du mur de soutien. Même en urinant avec toute l’attention voulue, oh surprise, l’urine s’imprègne dans le mur et termine entre les pieds, sans oublier qu’il fait 40° à l’ombre… pestilentiel pour les narines ! D’autre part la directrice nous signale que les enseignantes n’ont pas de toilettes et qu’elles doivent utiliser celles des enfants.
J’ai demandé des devis.

Nous avons toujours un budget, offert par une famille du canton de Marolles (famille discrète) pour l’organisation d’un voyage scolaire au bord de la mer. Il aura lieu en décembre, car les enfants bénéficient d’un petit voyage, à une centaine de km du village, financé par la préfecture en février.

Pour le voyage de décembre : il fait 30°, les petits feront un voyage peu éloigné. Seulement les plus grands iront à la mer. Les repas seront préparés à l’école pour le pique-nique. Il est bon de constater qu’ils ne profitent pas de la situation, ils auraient pu choisir un repas sur place.

Nous étions en comité restreint mais nous n’avions pas oublié d’inviter le futur représentant des Maires du canton (il est le seul candidat), en lui précisant que plus il fera pour l’école et plus l’association s’investira.

Nous ne sommes pas les seuls bienfaiteurs pour cette école. D’anciens élèves du village, vivant aujourd’hui à Chicago, en voyage au pays natal, ont fait un don de dix ordinateurs pour un montant de 3 750 $. Cela nous soulage car nous avions envisagé de financer quelques ordinateurs. La coutume veut que si un écolier a bien réussi dans sa vie, il doit penser à remercier son école un jour ou l’autre. C’est le cas pour cette famille vivant aux USA qui n’a pas oublié à qui elle doit ce qu’elle est à présent. De même pour ce que fait Montri, aux yeux des thaïlandais est tout à fait normal.
La devise est « Tu peux le faire, tu dois le faire et tu seras en paix avec toi-même ! »

UN PAYS SOUS TENSIONS.

Cette année nous rencontrons : crise économique, pollution, sécheresse, coronavirus, quatre situations liées pour déstabiliser un pays.
La pollution : épouvantable à Bangkok et dans tout le pays, provenant des feux de forêts, des champs de canne à sucre, des brûlis des rizières et des feux de bords de routes (par des mégots ou autres…) En janvier, durant trois jours, 450 écoles ont dû fermer leurs portes. Les yeux pleurent et la gorge brûle. Les véhicules mal réglés empestent : mauvais pour le tourisme.
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Nous découvrons ici le coronavirus. Je ne parlerai pas des mesures prises dans un but sanitaire, pour lesquelles je suis incompétent, mais de la suite pour la rentrée des devises occasionnées par le tourisme. Cette année, il était prévu d’accueillir plus de 37 millions de touristes venant principalement de Chine. En février, la fermeture des frontières avec la Chine, les désistements des occidentaux font que les hôtels se vident (Phuket : seulement 50 % d’occupation, Chiang Maï : le désert, ici à Hua Hin : station familiale et de retraités, ce n’est pas la foule.

A présent, les libertés sont restreintes, les étrangers doivent signaler leur lieu de résidence à la police de l’émigration, ce que nous avons fait Montri et moi lorsque nous sommes allés au village. Ceux qui nous accueillent doivent y déclarer leurs invités. L’objectif du gouvernement militaire : « nous protéger », mais de qui ? de quoi ? Le parti d’opposition vient d’être dissout, décidément c’est une mode internationale, par contre la corruption a encore de beaux jours.



L'histoire e la 8ème maison
 Janvier 2019
Pour cette visite, nous étions accompagnés de Nicole Agasse, Présidente des Amis du Vieux Tamarin et de quelques parrains. Nous étions au village natal de Montri « Ban Makhamtao ». Nous rendions visite à la famille Moungmai, qui a eu 3 enfants. Les deux parents sont journaliers, ils ont du travail selon les saisons. L’aîné, un garçon "Prariwat" fût parrainé pendant 14 ans puis son frère cadet "Djessada" durant 3 ans, jusqu’à la fin de ses études. Une famille d’Ille et Villaine « Odile et Loïc » a assuré ces 17 années de parrainage, avec une grande générosité.
Leur soeur Suthirat, regardait toujours vers le sol, pensant qu’elle serait moins gâtée que ses deux frères. Puis un jour la Présidente d'Orchidée adoption "Catherine" nous accompagna dans nos visites. Sa famille a adopté deux enfants asiatiques. Elle décide de venir en aide à Suthirat en la parrainant... tout de suite ses résultats scolaires se sont améliorés. Les années passent. Puis lors d'une de nos visites, surprise : un bébé ! Quinze ans seulement...! Le papa 17 ans, l'air juvénile, une famille dans une grande pauvreté… et plus encore : le déshonneur.
Nous essayons de "recoller les pots cassés", nous avons constaté que la jeune maman est distante avec son bébé. Elle reprend l'école et le parrainage continue jusqu’à la fin de son BAC Professionnel. Le jeune papa doit faire son service militaire obligatoire durant 2 ans. Misère, détresse il se suicide. Voici notre jeune maman veuve mais hébergée chez ses parents.


Lors de la visite annuelle, nous constatons que le sol est en terre mais de surface non plane. Nous décidons, avec le bureau de l’association, de faire refaire ce sol. Le neveu de Montri "Sompop", est présent. Il m'interpelle : « que veux-tu faire dans cette maison à taupinières quand la toiture en bambou est prête à s'effondrer ? ».
Il est vrai que je n'avais toujours regardé que le sol. Je n'avais jamais levé les yeux faisant toujours attention où je mettais les pieds ! A l’unanimité nous avons décidé de reconstruire la maison. L'association a des finances d'avance grâce aux bénéfices des prestations (repas et vente d’artisanat). Les négociations avec les artisans nous amènent à un coût total de 12 000 euros. La construction de la maison, équipée d’un robinet pour la cuisine et quatre prises électriques, demande deux mois de travail. Aucun luxe mais une maison digne d’apporter la sécurité à cette famille. Elle héberge au minimum cinq personnes.

C'est une famille dont Somport, le défunt frère aîné de Montri s'occupait avec attention. Aujourd'hui avec la couleur choisie par leurs soins, la maison est pimpante et les voici tranquilles pour de longues années.


Comme garantie, cette maison est hypothéquée pour quinze ans. En l'honneur de Somport Kangkorn, ancien président de la bourse Kangkorn cette maison porte son nom.

Janvier 2020 : nous retrouvons une famille heureuse. La maison est propre et rangée. La Grand-mère est souriante, ce que nous n’avions jamais vu !

P.S : La bourse Kangkorn en Thaïlande n'est que la continuité des Amis du Vieux Tamarin en France.

Guy et Montri

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