COMPTE-RENDU
SEJOUR 2020
Nous
avons été avertis qu’une sécheresse sévissait depuis le mois de
novembre sur le sud-est asiatique et particulièrement dans les
rizières de la plaine centrale de la Thaïlande, Makhamtao se
trouvant au sud de celle-ci
La
dernière mousson moins généreuse que d’habitude puis la saison
sèche, dite hivernale, précoce avec des vents asséchant toute
cette zone qui a pour habitude de produire une monoculture : le
riz.
Chaume
ou brûlis où tout prend feu comme un feu de paille et laisse dans
l’air une odeur de fumée qui prend à la gorge.
Les
arbres aux feuilles fanées paraissent moribonds, DESOLATION !
De
mémoire, cela fait 50 ans que nous n’avons pas rencontré une
telle situation. Pas de riz : pas de travail pour les femmes et
les hommes à tout faire. Ces journaliers dont le salaire minimum est
de 350 bahts par jour, soit à peine 10 €. Cela fait deux mois que
la plupart d’entre eux ne travaille pas.
Du
chômage ? rien pour les démunis, aucune organisation sociale
pour ceux qui font rentrer les devises.
Normalement
la Thaïlande exporte plus de 10 millions de tonnes de riz, le pays
se situe dans les tous premiers exportateurs de riz – Cette année
elle sera en queue de peloton.
LA
CRISE ECONOMIQUE.
A
notre arrivée, en janvier, 1 €uro s’échangeait contre 33,50
bahts
Une
heure de travail : 40 bahts.
Depuis
4 ans, la junte militaire a régulièrement relevé le salaire
minimum : la 1ère
fois de 30 % puis 3 à 4 % ; petits coups de pouce qui ont fait
qu’aujourd’hui le coût de la vie a fortement augmenté, les prix
ont bien dépassé l’augmentation des salaires, c’est encore plus
difficile qu’avant.
Le
prix de la cantine qui a été très longtemps à 12 bahts est
maintenant à 20 bahts par repas.
Autres
exemples : 1 kg de riz : 32 bahts – 1 litre de lait :
60 bahts – 1 kg de porc tout venant : 150 bahts – 80 cl
d’essence pour la mobylette : 40 bahts – une soupe
populaire, qui est la nourriture de base : 40 bahts – pour
nous les étrangers, si on veut mettre du beurre sur notre pain de
mie c’est 600 bahts le kg (20 €) un luxe !
Une
monnaie bien trop forte : les exportations baissent en raison
d’un baht surévalué.
La
Thaïlande n’est pas un pays pauvre, c’est un pays mal géré et
corrompu. Les pays voisins étant au même régime (mais pas riches
comme celui-ci) pour se prémunir d’une crise profonde, achètent
des bahts, ce qui fait monter les cours.
Pour
notre part cette année nous avons perdu 20 % de la valeur du change
puis plus de 10 % sur l’inflation. L’artisanat
que nous achetons sur place pour revendre a lui aussi fait un bond.
On arrive à avoir des prix pour la quantité et comme pour eux le
commerce est calme, ils lâchent un peu.
VISITE A L’ECOLE DE
BAN SAPANYAO
Le
21/01/2020, ce jour, en présence du groupe de marraines et parrains
venant de France, nous remettons officiellement la somme de 700
€ soit 23 400
bahts = 1140
repas.
Cette
école, pour un village d’environ 400 maisons, accueille 235
élèves. Les
classes vont de 13 élèves jusqu’à la plus dense avec 28 élèves. BAN
SAPANYAO n’a pas d’industrie, c’est un village agricole avec
cultures de riz, de manioc et d’hévéa.
La
direction s’organise afin que tous les élèves, de la maternelle
jusqu’à la 3ème
puissent déjeuner gratuitement à la cantine. L’état verse des
fonds jusqu’à la 6ème
incluse.
Une
gestion rigoureuse nous incite à leur apporter notre aide.
Cette
année, l'école de Ban Sapanyao est aussi dans une zone de grande
sécheresse, elle n'obtiendra pas d'aide pour nourrir ses élèves.
Par bonheur, début décembre 2019 dans notre courrier, une enveloppe
contenait un chèque de 700 euros pour notre association. Un petit
courrier accompagnant ce don nous laissait le choix de la
distribution. Pier-Olivier de Paris ayant sa belle-famille à
Marolles nous observait depuis quelques années sur nos actions
humanitaires en Thaïlande. Nous prîmes contact avec lui afin de le
remercier, ce qu'il ne désirait pas ! Un don exceptionnel pouvait
aller à une cause exceptionnelle ! Les écoliers ne saurons jamais
comment cette aide leur est venue du ciel... !
TROIS
VISITES A L’ECOLE DE BAN SATOEY.
Le
dernier directeur étant parti, nous sommes retournés dans
l’établissement scolaire de BAN SATOEY.
Pour
mémoire : celui-ci accueille les élèves de la maternelle à
la 3ème.
Le collège commence en classe de 5ème.
Il y a actuellement 142 élèves alors que 3 ans auparavant
l’effectif était de 198 enfants. Depuis
deux ans nous avions cessé toute aide que ce soit pour la cantine ou
pour l’achat de matériel pédagogique.
Cette
fois-ci nous avons été accueillis par la directrice et Kou Modt,
nous étions en janvier, avec le groupe. Notre
nouvelle directrice est bien consciente du problème puisqu’elle en
hérite !
Il
faut motiver les élèves qui se sont inscrits dans d’autres écoles
à revenir, surtout celles de BAN MI, à 7 km.
Nous
présentons nos souhaits ; nous avons été école pilote
nationale pendant des années et nous aimerions retrouver cette
qualité d’enseignement qui faisait venir de nombreux enseignants
des autres établissements pour s’inspirer du modèle BAN SATOEY.
Nous
lui avons demandé quelles sont ses urgences. Tout premier point la
cantine puis le transport scolaire. Nous quittons cette femme qui
vient d’une école du canton où elle était directrice d’une
école primaire.
Nous
avons tous apprécié cette première rencontre, Kou Modt lui ayant
expliqué la façon dont nous avons l’habitude de travailler.
2ème
réunion.
Le
groupe est reparti vers la France depuis quelques jours, nous sommes
tous les deux et nous avons déjà bien réfléchi, sachant que
l’ancien directeur est encore le président du conseil
d’administration de l’école jusqu’en juillet nous devons faire
attention à nos décisions. Mais nous devons faire tout notre
possible pour recruter de nouveaux élèves.
L’état
finance la cantine pour tous les élèves de maternelle et de
primaire. Les repas des 49 élèves du collège (de
la 5ème
à la 3ème)
sont à la charge des familles. Le prix du repas est de 20 bahts, 200
jours d’école dans l’année soit un montant de (20 bahts x 49
élèves) x 200 jours = 196 000 bahts – Voici, dans un premier
temps, un budget acquis pour l’école.
L’école
possède un seul pick up couvert, il faut faire deux navettes pour le
transport des 58 enfants venant tous à BAN SATOEY – six villages
au total – problème difficile à solutionner. Une idée sera
avancée plus tard par l’ancien Maire de BAN SATOEY – De notre
côté nous pouvons envisager un budget car nous n’avons rien versé
à l’école durant les deux dernières années.
La
directrice nous demande des couvre-chaises. Lors des réceptions, la
coutume veut que les chaises en plastique soient recouvertes d’un
tissu. J’appelle cela « un cache misère » - Coût :
500 €
Puis
je demande s’il n’y a pas autre chose, la directrice ouvre grands
les yeux : elle a peut-être le Père Noël en face d’elle !
Je lui dis que le but de cette réunion est de recenser les besoins,
tout ne sera peut-être pas accepté, nous allons étudier toutes les
demandes.
Après
quelques minutes, timidement, elle nous explique que tous les
enseignants ont subi les mauvais traitements du directeur, que
l’équipe avait été très touchée par cette situation et que la
solidarité entre eux en avait souffert. Une sortie de détente entre
enseignants leur ferait le plus grand bien.
Nous acquiesçons, nous sommes conscients qu’une bonne cohésion de l’équipe pédagogique est très importante et que cela influe sur les résultats scolaires. Elle souhaiterait qu’ils se retrouvent, une journée et une nuit dans un gîte (7,50 € la nuit) à une centaine de kilomètres de l’école, pour un dépaysement complet. Je lui explique qu’à mon avis, faire cent kilomètres dormir une nuit et revenir, cela représente beaucoup de fatigue plutôt que de la détente. Je lui propose deux nuits, ainsi ils auront une journée complète sur place. Nous proposons un budget de 500 bahts pour l’hébergement et 500 bahts pour la nourriture (par personne). Le transport se faisant avec leurs véhicules personnels.
Cela
représente un coût de 18 400 bahts pour l’association soit
542 €.
3ème
réunion.
Entre
temps nous avons rencontré Kou Modt, le programme lui convient.
L’argent est à la banque, nous pouvons débloquer les fonds.
Un
autre détail (mais très important !) les urinoirs des
garçons : la maçonnerie est usée, les urinoirs descellés du
mur de soutien. Même en urinant avec toute l’attention voulue, oh
surprise, l’urine s’imprègne dans le mur et termine entre les
pieds, sans oublier qu’il fait 40° à l’ombre… pestilentiel
pour les narines ! D’autre part la directrice nous signale que
les enseignantes n’ont pas de toilettes et qu’elles doivent
utiliser celles des enfants.
J’ai
demandé des devis.
Nous
avons toujours un budget, offert par une famille du canton de
Marolles (famille discrète) pour l’organisation d’un voyage
scolaire au bord de la mer. Il aura lieu en décembre, car les
enfants bénéficient d’un petit voyage, à une centaine de km du
village, financé par la préfecture en février.
Pour le voyage de décembre : il fait 30°, les petits feront un voyage peu éloigné. Seulement les plus grands iront à la mer. Les repas seront préparés à l’école pour le pique-nique. Il est bon de constater qu’ils ne profitent pas de la situation, ils auraient pu choisir un repas sur place.
Nous
étions en comité restreint mais nous n’avions pas oublié
d’inviter le futur représentant des Maires du canton (il est le
seul candidat), en lui précisant que plus il fera pour l’école et
plus l’association s’investira.
Nous
ne sommes pas les seuls bienfaiteurs pour cette école. D’anciens
élèves du village, vivant aujourd’hui à Chicago, en voyage au
pays natal, ont fait un don de dix ordinateurs pour un montant de
3 750 $. Cela nous soulage car nous avions envisagé de financer
quelques ordinateurs. La coutume veut que si un écolier a bien
réussi dans sa vie, il doit penser à remercier son école un jour
ou l’autre. C’est le cas pour cette famille vivant aux USA qui
n’a pas oublié à qui elle doit ce qu’elle est à présent. De
même pour ce que fait Montri, aux yeux des thaïlandais est tout à
fait normal.
La
devise est « Tu peux le faire, tu dois le faire et tu
seras en paix avec toi-même ! »
UN
PAYS SOUS TENSIONS.
Cette
année nous rencontrons : crise économique, pollution,
sécheresse, coronavirus, quatre situations liées pour déstabiliser
un pays.
La
pollution : épouvantable à Bangkok et dans tout le pays,
provenant des feux de forêts, des champs de canne à sucre, des
brûlis des rizières et des feux de bords de routes (par des mégots
ou autres…) En janvier, durant trois jours, 450 écoles ont dû
fermer leurs portes. Les yeux pleurent et la gorge brûle. Les
véhicules mal réglés empestent : mauvais pour le tourisme.
.
Nous
découvrons ici le coronavirus. Je ne parlerai pas des mesures prises
dans un but sanitaire, pour lesquelles je suis incompétent, mais de
la suite pour la rentrée des devises occasionnées par le tourisme.
Cette année, il était prévu d’accueillir plus de 37 millions de
touristes venant principalement de Chine. En février, la fermeture
des frontières avec la Chine, les désistements des occidentaux font
que les hôtels se vident (Phuket : seulement 50 % d’occupation,
Chiang Maï : le désert, ici à Hua Hin : station
familiale et de retraités, ce n’est pas la foule.
A
présent, les libertés sont restreintes, les étrangers doivent
signaler leur lieu de résidence à la police de l’émigration, ce
que nous avons fait Montri et moi lorsque nous sommes allés au
village. Ceux qui nous accueillent doivent y déclarer leurs invités. L’objectif
du gouvernement militaire : « nous protéger », mais
de qui ? de quoi ? Le
parti d’opposition vient d’être dissout, décidément c’est
une mode internationale, par contre la corruption a encore de beaux
jours.
L'histoire
e la 8ème maison
Janvier
2019
Pour
cette visite, nous étions accompagnés de Nicole Agasse, Présidente
des Amis du Vieux Tamarin et de quelques parrains. Nous étions au
village natal de Montri « Ban Makhamtao ». Nous rendions
visite à la famille Moungmai, qui a eu 3 enfants. Les deux parents
sont journaliers, ils ont du travail selon les saisons. L’aîné,
un garçon "Prariwat" fût parrainé pendant 14 ans puis
son frère cadet "Djessada" durant 3 ans, jusqu’à la fin
de ses études. Une famille d’Ille et Villaine « Odile et
Loïc » a assuré ces 17 années de parrainage, avec une grande
générosité.
Leur
soeur Suthirat, regardait toujours vers le sol, pensant qu’elle
serait moins gâtée que ses deux frères. Puis
un jour la Présidente d'Orchidée adoption "Catherine"
nous accompagna dans nos visites. Sa famille a adopté deux enfants
asiatiques. Elle décide de venir en aide à Suthirat en la
parrainant... tout de suite ses résultats scolaires se sont
améliorés. Les années passent. Puis lors d'une de nos visites,
surprise : un bébé ! Quinze ans seulement...! Le papa 17 ans,
l'air juvénile, une famille dans une grande pauvreté… et plus
encore : le déshonneur.
Nous
essayons de "recoller les pots cassés", nous avons
constaté que la jeune maman est distante avec son bébé. Elle
reprend l'école et le parrainage continue jusqu’à la fin de son
BAC Professionnel. Le jeune papa doit faire son service militaire
obligatoire durant 2 ans. Misère, détresse il se suicide. Voici
notre jeune maman veuve mais hébergée chez ses parents.
Lors
de la visite annuelle, nous constatons que le sol est en terre mais
de surface non plane. Nous décidons, avec le bureau de l’association, de faire refaire ce sol. Le neveu de Montri
"Sompop", est présent. Il m'interpelle : « que
veux-tu faire dans cette maison à taupinières quand la toiture en
bambou est prête à s'effondrer ? ».
Il
est vrai que je n'avais toujours regardé que le sol. Je n'avais
jamais levé les yeux faisant toujours attention où je mettais les
pieds ! A l’unanimité nous avons décidé de reconstruire la
maison. L'association a des finances d'avance grâce aux bénéfices
des prestations (repas et vente d’artisanat). Les négociations
avec les artisans nous amènent à un coût total de 12 000 euros. La
construction de la maison, équipée d’un robinet pour la cuisine
et quatre prises électriques, demande deux mois de travail. Aucun
luxe mais une maison digne d’apporter la sécurité à cette
famille. Elle héberge au minimum cinq personnes.
C'est une famille dont Somport, le défunt frère aîné de Montri s'occupait avec attention. Aujourd'hui avec la couleur choisie par leurs soins, la maison est pimpante et les voici tranquilles pour de longues années.
Comme
garantie, cette maison est hypothéquée pour quinze ans. En
l'honneur de Somport Kangkorn, ancien président de la bourse
Kangkorn cette maison porte son nom.
Janvier
2020 : nous retrouvons une famille heureuse. La maison est
propre et rangée. La
Grand-mère est souriante, ce que nous n’avions jamais vu !
P.S : La
bourse Kangkorn en Thaïlande n'est que la continuité des Amis du
Vieux Tamarin en France.
Guy
et Montri
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