lundi 13 avril 2015

COMPTE RENDU EN 2015

      LAVT   -   Guy   -    Compte-rendu 2015

Premier groupe -
 

Arrivés le 15 janvier avec le groupe de Marolles, nous avons prévu de commencer par un séjour de 48 heures à Hua Hin .Une mauvaise nouvelle nous attend, Montri et moi : Chalard, femme de Somport le frère aîné de Montri, maman de Sompop (auteur de Jook) est au plus mal. Nous modifions aussitôt notre planning : départ pour Makhamtao, via Bangkok pour une découverte de la ville, mais, en route, nous apprenons le décès. Nous écourtons alors la visite de la capitale afin d' être présents auprès de la famille, puis lors de la crémation. Nous arrivons pour le  « Sawasdee – des jours tristes » et nous nous rendons au temple où la dépouille repose dans un cercueil entouré de fleurs et de lumières. Nous dînons sur place, là où la famille et les amis ont préparé la nourriture dans un esprit festif. Le lendemain, vers 16 heures, plus de six cents personnes assistent à la crémation. En effet, Somport ayant occupé des postes à responsabilités, cela explique la présence du député, des responsables des villages et de l'école. Les élèves exécutent des danses thaïes en son honneur. Il est aussi le président de la bourse Kangkorn ; je reconnais dans l'assistance des parents d'enfants parrainés. J'en suis très heureux : il a tant fait pour eux !


Lors de la crémation, le corps est introduit dans le foyer du petit crématorium du village après l'accomplissement d'un dernier rituel : un homme tenant une noix de coco dans la main gauche, l'ouvre d'un coup de machette ; un liquide très pur en jaillit et éclabousse le visage de Chalard. L'esprit peut alors quitter le corps après une ultime bénédiction. Je suis très ému ; voici trente ans, elle me faisait découvrir le monde des rizières, comment creuser la terre sèche pour trouver des escargots ; elle soignait mes piqûres de moustiques avec une pommade dont elle les massait de son index déformé par le travail des champs.

Puis la vie reprend avec notre groupe car nous avons une tâche à accomplir : d'abord la visite de l'école puis celle des enfants parrainés. Dès notre arrivée, nous assistons à une réunion avec les autorités, le nouveau directeur, les enseignants, les responsables de la bourse Kangkorn, les parents des enfants parrainés ainsi que des villageois. Ambiance lourde : le nouveau directeur voudrait imposer un autre règlement relatif à la remise des fonds aux enfants parrainés. De plus, il souhaite changer l'équipe et les correspondants avec la France. Pourtant la majorité de l'assemblée apprécie le fonctionnement, ajusté année après année en fonction des succès ou des échecs. Chacun a droit à la parole. Vient notre tour ; en tant que pourvoyeurs de fonds, nous sommes les plus concernés. Je prends la parole pour préciser que ces fonds venant de dons en France, nous devons rendre des comptes à l'état français puisqu'ils sont déductibles des impôts ; nous en sommes responsables jusqu'à leur distribution finale. Faute de respect de la loi, nous serions à l'amende, ce qui, à terme signerait la fin de toute aide. Silence dans l'assemblée.
Puis Montri explique que nous œuvrons depuis trente ans sans problème, avec des fonds de plus en plus importants – nous avons aussi construit cinq maisons et acheté la rizière pédagogique ; nous ne tenons donc pas à changer l'équipe, partenaire depuis le début. Notre confiance en elle est totale ; la désavouer signerait la fin de la bourse et de notre action. Nous sommes satisfaits que le groupe soit témoin de cette réunion. Récolter les fonds n'est pas si facile mais les redistribuer demande encore plus d'efforts, doublés d'une transparence absolue.
La réunion s'achève avec la remise de cet argent aux représentants de l'école (dernier virement de la fin décembre) sous les yeux du groupe, des représentants de la bourse Kangkorn et des enseignants, soit :

            -     14 500 Bht en complément de parrainage
-        348 230 Bht pour l'école (bourse Kangkorn), somme incluant le remboursement pour la construction de la 5e maison sociale.




Enfin, nous visitons l'établissement et la rizière pédagogique.


Cette année, Annie Cosme, présidente de la caisse locale du crédit Agricole de Marolles, fait partie du groupe. Grâce à son aide, nous avions obtenu la majeure partie du financement pour l'achat du terrain de la rizière. Celle-ci est, malheureusement, entièrement asséchée, à l'image du village et de toute la province. En effet, la Thaïlande souffre cette année d'un déficit crucial d'eau rendant impossible la culture du riz, l'eau étant réservée à la consommation humaine. Les canaux d'irrigation sont presque à sec – ils le seront tout à fait six semaines plus tard. Fortes chaleurs et grand vent ont transformé ces terres si verdoyantes en un immense paillasson. Le responsable de l'agriculture fait cadeau à chacun de nous d'un kilo de riz noir sous vide, récolté par nos écoliers – une variété peu répandue en Thaïlande, équivalant à du riz complet. Rapporté en France il témoignera de la chaîne de solidarité initiée voici trois ans par le Crédit Agricole Anjou Maine.

 
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Nous parcourons ensuite les rues du village à la rencontre des enfants parrainés - échanges très émouvants dont Montri se fait le passeur, mais effusions limitées, puisqu' ici, on ne se touche pas ! Nous découvrons les maisons construites grâce à l'association ainsi que la dernière en date, don d'Inner Wheel et du Rotary Club. Après quatre jours au village – il n'en faut pas plus afin d'éviter des adieux souvent douloureux - nous quittons Makhamtao de bon matin, conduits par Tom, notre fidèle chauffeur. Montri reste en contact permanent avec l'école où le ton se durcit : des parents d'élèves et la quasi totalité des enseignants veulent le départ du directeur. Nous tenons à rester neutres : nous avons besoin des uns et des autres.

Les trois semaines passent vite ; la température est encore agréable, n'excédant pas 30°. Nous pouvons pleinement profiter des visites et découvrir les saveurs du pays, en attendant l'arrivée du second groupe.


Deuxième groupe

Des habitués pour quatre d'entre eux, venus de la Sarthe, du Var et du Calvados. Au village la tension n'a pas baissé. Nous visitons rapidement l'école, nous faisant tout petits. Le directeur nous invite à venir écouter l'ensemble musical – là au moins, pas besoin de parler ! Puis nous commençons nos visites à domicile. Deux des familles ont la joie de revoir leurs filleuls – pour la troisième, c'est une première. Que d'émotion !

Depuis notre dernier passage, la campagne s'est encore desséchée ; de marron, la voici jaune paille. Il fait plus de 30°. Pour se préserver de la chaleur, les arbres sacrifient leurs feuilles ; la terre se crevasse et les canaux, inutiles, ont perdu toute trace de vie.

Au fur et à mesure de nos visites, le groupe, très sensible au dénuement des familles, constate la nécessité de distribuer du riz ! Nous commençons par un grand-père, au corps tout déformé par la scoliose. Il élève seul son petit fils, abandonné par ses parents. La scène se répète tout l'après-midi, les visiteurs achetant personnellement le riz distribué à ces familles. La sécheresse cause les mêmes détresses que les inondations : pas de culture possible, pas de récolte, pas de travail pour les journaliers agricoles, et c'est l'engrenage de la misère. Fin du séjour à Makhamtao - nous avons pris du retard et à l'école, tous les projets sont bloqués !
Richard prend des photos ; son épouse Marie-Reine et lui, membres actifs de l'association ont eu l'idée d'organiser une exposition sur la Thaïlande, à Malicorne, leur village, en août prochain. Le projet est déjà sur les rails et la population locale, par eux, nous connaît bien.
Suivent quinze jours de tourisme, avant le retour qui coïncide avec l'arrivée du dernier groupe.
 

Troisième groupe

 Cette fois, il s'agit de notre famille de France, accompagnée d'un couple d'amis, tous parrains – deux autres personnes resteront une semaine à Bangkok pour visiter leur filleule – Depuis six semaines, nous sommes sur les routes !

 
Retour à l'école. Ouf : le directeur a été remercié deux jours auparavant. Nous mettons au point un voyage pédagogique, offert à 180 élèves, à partir de la 6e, par une famille attachée à notre cause : un jour au bord de la mer, visite d'un aquarium. Une cinquantaine d'enfants, plus jeunes iront visiter le zoo de Lopburi, à 30 km, ou un barrage - réservoir du côté de Saraburi, à 80 km. Assurances, entrées, repas, tout est à bien prévoir dans le budget.
 
Cette fois-ci, visite facile des familles et du village : ce groupe n'est pas à son premier séjour et tous sont rôdés, hormis une belle-soeur qui, bien vite, suit le mouvement.
Désolation dans les campagnes, chaleur de plus en plus intense – les pluies de mousson ne sont attendues que fin mai, dans trois mois... Nous continuons donc à distribuer du riz ; nous privilégions les familles ayant des enfants parrainés : ce sont les plus vulnérables.
 

Mercredi 18 mars - le dernier groupe nous a quittés et nous prenons six jour de repos avant de retourner à Makhamtao. Nous avons pris un sérieux retard et il faut le rattraper. Pour aller plus vite, Montri a emprunté la petite moto de son frère dont nous n'avons pas la moindre expérience. En dépit des démonstrations, nous n'arrivons pas à piloter correctement ! Tant pis ; à nous les chemins puisque les enfants sont en grandes vacances ! Nous trouvons parfois porte close ; il faudra revenir. Essayez de rouler avec un casque quand il fait plus de 40° à l'ombre ! Impossible à supporter ! Le premier jour, nous rencontrons 24 enfants, parmi les plus éloignés ; le deuxième jour nous visitons 27 familles (il y en a 105 en tout). Nous rentrons de nuit et certains parrains recevront des photos prises au flash ; qu'ils nous en excusent. Heureusement sur la moto, le vent nous rafraîchit un peu.


Vendredi 20 – re-visite à l'école où nous arrivons vers 10 heures, un peu tard peut-être - elle n'est ouverte que le matin afin que les élèves viennent récupérer leurs notes. Il nous reste une dizaine d'enfants à trouver, et au final il n'en manquera que trois. Kou Modt nous enverra les photos manquantes destinées aux parrains, par mail, dès la rentrée. Avec elle, nous parlons du dénuement de plusieurs familles en cette année de sécheresse et nous nous accordons sur le principe d'une aide à la cantine, aide qui ira directement à l'enfant sans passer par la famille, conformément au règlement de l'association.


L'augmentation locale du coût de la vie a fait passer le prix du repas de cantine de 13 à 20 Bht en trois ans. Ajoutons à cela la baisse du cours de l'euro et nous arrivons à une diminution de 20% de l'aide apportée - en quatre ans l'équivalent d'un euro est passé de 44 à 34 Baht.

                        Votre aide sera encore plus précieuse cette année.


                                                           Guy et Montri