LAVT - Guy
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Compte-rendu 2015
Premier
groupe -

Lors
de la crémation, le corps est introduit dans le foyer du petit crématorium du
village après l'accomplissement d'un dernier rituel : un homme tenant une
noix de coco dans la main gauche, l'ouvre d'un coup de machette ; un
liquide très pur en jaillit et éclabousse le visage de Chalard. L'esprit peut
alors quitter le corps après une ultime bénédiction. Je suis très ému ;
voici trente ans, elle me faisait découvrir le monde des rizières, comment
creuser la terre sèche pour trouver des escargots ; elle soignait mes
piqûres de moustiques avec une pommade dont elle les massait de son index
déformé par le travail des champs.
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348
230 Bht pour l'école (bourse Kangkorn), somme incluant le remboursement pour la
construction de la 5e maison sociale.
Cette
année, Annie Cosme, présidente de la caisse locale du crédit Agricole de
Marolles, fait partie du groupe. Grâce à son aide, nous avions obtenu la
majeure partie du financement pour l'achat du terrain de la rizière. Celle-ci
est, malheureusement, entièrement asséchée, à l'image du village et de toute la
province. En effet, la Thaïlande souffre cette année d'un déficit crucial d'eau
rendant impossible la culture du riz, l'eau étant réservée à la consommation
humaine. Les canaux d'irrigation sont presque à sec – ils le seront tout à fait
six semaines plus tard. Fortes chaleurs et grand vent ont transformé ces terres
si verdoyantes en un immense paillasson. Le responsable de l'agriculture fait
cadeau à chacun de nous d'un kilo de riz noir sous vide, récolté par nos
écoliers – une variété peu répandue en Thaïlande, équivalant à du riz complet.
Rapporté en France il témoignera de la chaîne de solidarité initiée voici trois
ans par le Crédit Agricole Anjou Maine.
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Nous
parcourons ensuite les rues du village à la rencontre des enfants parrainés -
échanges très émouvants dont Montri se fait le passeur, mais effusions
limitées, puisqu' ici, on ne se touche pas ! Nous découvrons les maisons
construites grâce à l'association ainsi que la dernière en date, don d'Inner
Wheel et du Rotary Club. Après quatre jours au village – il n'en faut pas plus
afin d'éviter des adieux souvent douloureux - nous quittons Makhamtao de bon
matin, conduits par Tom, notre fidèle chauffeur. Montri reste en contact
permanent avec l'école où le ton se durcit : des parents d'élèves et la
quasi totalité des enseignants veulent le départ du directeur. Nous tenons à
rester neutres : nous avons besoin des uns et des autres.
Les
trois semaines passent vite ; la température est encore agréable,
n'excédant pas 30°. Nous pouvons pleinement profiter des visites et découvrir
les saveurs du pays, en attendant l'arrivée du second groupe.
Des
habitués pour quatre d'entre eux, venus de la Sarthe, du Var et du Calvados. Au
village la tension n'a pas baissé. Nous visitons rapidement l'école, nous
faisant tout petits. Le directeur nous invite à venir écouter l'ensemble
musical – là au moins, pas besoin de parler ! Puis nous commençons nos
visites à domicile. Deux des familles ont la joie de revoir leurs filleuls –
pour la troisième, c'est une première. Que d'émotion !
Depuis
notre dernier passage, la campagne s'est encore desséchée ; de marron, la
voici jaune paille. Il fait plus de 30°. Pour se préserver de la chaleur, les
arbres sacrifient leurs feuilles ; la terre se crevasse et les canaux,
inutiles, ont perdu toute trace de vie.
Au
fur et à mesure de nos visites, le groupe, très sensible au dénuement des
familles, constate la nécessité de distribuer du riz ! Nous commençons par
un grand-père, au corps tout déformé par la scoliose. Il élève seul son petit
fils, abandonné par ses parents. La scène se répète tout l'après-midi, les
visiteurs achetant personnellement le riz distribué à ces familles. La
sécheresse cause les mêmes détresses que les inondations : pas de culture
possible, pas de récolte, pas de travail pour les journaliers agricoles, et c'est
l'engrenage de la misère. Fin du séjour à Makhamtao - nous avons pris du retard
et à l'école, tous les projets sont bloqués !
Richard
prend des photos ; son épouse Marie-Reine et lui, membres actifs de
l'association ont eu l'idée d'organiser une exposition sur la Thaïlande, à
Malicorne, leur village, en août prochain. Le projet est déjà sur les rails et
la population locale, par eux, nous connaît bien.
Suivent
quinze jours de tourisme, avant le retour qui coïncide avec l'arrivée du
dernier groupe.
Troisième
groupe
Cette
fois, il s'agit de notre famille de France, accompagnée d'un couple d'amis,
tous parrains – deux autres personnes resteront une semaine à Bangkok pour
visiter leur filleule – Depuis six semaines, nous sommes sur les routes !
Retour
à l'école. Ouf : le directeur a été remercié deux jours auparavant. Nous
mettons au point un voyage pédagogique, offert à 180 élèves, à partir de la 6e,
par une famille attachée à notre cause : un jour au bord de la mer, visite
d'un aquarium. Une cinquantaine d'enfants, plus jeunes iront visiter le zoo de
Lopburi, à 30 km, ou un barrage - réservoir du côté de Saraburi, à 80 km.
Assurances, entrées, repas, tout est à bien prévoir dans le budget.
Cette
fois-ci, visite facile des familles et du village : ce groupe n'est pas à son
premier séjour et tous sont rôdés, hormis une belle-soeur qui, bien vite,
suit le mouvement.
Désolation
dans les campagnes, chaleur de plus en plus intense – les pluies de mousson ne
sont attendues que fin mai, dans trois mois... Nous continuons donc à
distribuer du riz ; nous privilégions les familles ayant des enfants
parrainés : ce sont les plus vulnérables.
Mercredi
18 mars - le dernier groupe nous a quittés et nous prenons six jour de repos
avant de retourner à Makhamtao. Nous avons pris un sérieux retard et il faut le
rattraper. Pour aller plus vite, Montri a emprunté la petite moto de son frère
dont nous n'avons pas la moindre expérience. En dépit des démonstrations, nous
n'arrivons pas à piloter correctement ! Tant pis ; à nous les chemins
puisque les enfants sont en grandes vacances ! Nous trouvons parfois porte
close ; il faudra revenir. Essayez de rouler avec un casque quand il fait
plus de 40° à l'ombre ! Impossible à supporter ! Le premier jour, nous
rencontrons 24 enfants, parmi les plus éloignés ; le deuxième jour nous
visitons 27 familles (il y en a 105 en tout). Nous rentrons de nuit et certains
parrains recevront des photos prises au flash ; qu'ils nous en excusent.
Heureusement sur la moto, le vent nous rafraîchit un peu.
Vendredi
20 – re-visite à l'école où nous arrivons vers 10 heures, un peu tard peut-être
- elle n'est ouverte que le matin afin que les élèves viennent récupérer leurs
notes. Il nous reste une dizaine d'enfants à trouver, et au final il n'en
manquera que trois. Kou Modt nous enverra les photos manquantes destinées aux
parrains, par mail, dès la rentrée. Avec elle, nous parlons du dénuement de
plusieurs familles en cette année de sécheresse et nous nous accordons sur le principe
d'une aide à la cantine, aide qui ira directement à l'enfant sans passer par la
famille, conformément au règlement de l'association.
L'augmentation
locale du coût de la vie a fait passer le prix du repas de cantine de 13 à 20
Bht en trois ans. Ajoutons à cela la baisse du cours de l'euro et nous arrivons
à une diminution de 20% de l'aide apportée - en quatre ans l'équivalent d'un
euro est passé de 44 à 34 Baht.
Votre aide sera encore
plus précieuse cette année.
Guy
et Montri