Compte-rendu
du séjour en Thaïlande
du 17 janvier
au 16 avril 2014 -
Jeudi 23 janvier – L'esprit tranquille, nous partons pour
Makhamtao par le minibus Hua-Hin / Bangkok. 2h45 plus tard, il nous dépose un
peu avant la gare routière car la capitale vit au rythme des manifestations
politiques depuis deux mois et nous entendons les haut-parleurs asséner slogans
et musiques. Montri a téléphoné à son frère Surapol qui quitte la manifestation
à laquelle il participe pour nous venir en aide. Nous devons en effet prendre
un autre bus pour le village mais avant, il nous faut passer à la
« Bangkok Bank » en banlieue pour fermer le compte et retirer le
solde soit 527 000B, correspondant au bénéfice réalisé sur les ventes, aux
compléments de parrainages, ainsi que sur les prestations 2013. (Les autorités
françaises doivent toujours être en mesure de trouver trace des transactions de
toute association à but humanitaire et d'effectuer un contrôle fiscal). La
fermeture du compte, qui ne pose pas de problème, devient une nécessité car
cette banque est à 170 km de l'école et, en Thaïlande , pour toute transaction
il faut encore se rendre sur place. Les liasses de billets emplissent mon sac à
dos !
Vendredi 24 janvier- . Nous accueillons madame Catherine
Perot, présidente d'Orchidée Adoption, qui visite quelques orphelinats ; elle
profite du week-end pour voir ses trois filleuls du village.
Nous lui demandons d'être le témoin de notre ouverture du nouveau compte à la « Kasikorn Bank », de Ban Mi, particulièrement orientée vers le monde agricole, telle notre banque française. Au vu du livret attestant de la fermeture du compte, la veille à Bangkok, l'ouverture du nouveau compte ne pose aucun problème mais toute démarche bancaire de la part d étrangers est strictement contrôlée afin d'éviter le blanchiment d'argent. Nous ouvrons ce compte au nom de « Madalena-Pougeolle » et je donne procuration aux deux frères de Montri : Somport et Champhu Kangkorn, 78 et 76 ans, l'un suppléant l'autre en cas de soucis de santé. Je mets personnellement 7500B, augmentés des fonds de France, pour un total de 15000B, le tout représentant le montant de base requis pour l'ouverture d'un compte. Les virements de mai 2014 arriveront directement de France sur ce compte , simplifiant grandement les démarches.
Suit un échange
d'informations au sujet des enfants.
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Nous évoquons la
climatisation installée l'an passé dans une salle, pour un montant de 131 000B,
et financée sur trois ans par les intérêts de la bourse Kangkorn. Cette vaste
salle qui peut accueillir toute l'école , sert temporairement lors des
inondations et en périodes caniculaires (40 degrés et plus) et toute l'année
pour les réunions, les répétitions, la danse, la vidéo...Ce confort améliore
alors grandement les résultats scolaires, succès dont nous fait part Kou Modt.
Les élèves sont représentés dans tous les concours de l'Education Nationale et
en toutes disciplines. Ils sont particulièrement performants en langue thaïe et
en anglais. L'une de nos élèves, parrainée, présentée au concours national
d'orthographe, et d' anglais, à Cha Am (à 450 km de l'école), est sortie 4e sur
85.
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La bibliothèque,
quatre fois inondée -avec, en 2010, la perte du fonds documentaire et des
livres- est à présent installée à l'étage.
·
Nous terminons par la
visite de la rizière pédagogique, divisée en parcelles numérotées selon les
variétés de riz semées ou repiquées. Les inondations de novembre et décembre
ont été fatales aux semis mais la future récolte se présente bien.
Lundi 27 janvier -
Surprise et désaccord : nous avons constaté qu'une
seule des deux maisons sociales est habitée. Nous trouvons nous-mêmes sur le
champ des habitants pour cette maison : un père qui vit chez sa sœur avec
son fils de 13 ans, soit onze personnes dans 40m ².
Mardi 28 janvier -
Appel de Kou Modt qui nous demande de passer à l'école. La veille, le conseil d'école s'est réuni, l'après-midi, et a proposé la famille de Nodpanate Ong-Ard – des parents et leurs deux enfants – pour occuper la fameuse maison ! Dilemme puisque nous venions de lui trouver des habitants. A présent, on nous dit qu'ils ne sont pas prioritaires ! Pas facile pour nous : il va falloir se dédire près de la sœur qui, loin de s'en offusquer, nous propose une partie de son terrain, déjà viabilisé et non inondable , pour construire ! Il faut juste le nettoyer un peu pour le rendre plus présentable pour le présenter au groupe Inner Wheel, de passage ici dans les prochaines jours.
Vendredi 31 janvier
Lundi 3 février-
Départ matinal . Tom s'attend à des difficultés : les
riziculteurs barrent les routes. Il nous faudra, un temps, contourner un
barrage en empruntant un chemin de terre - dur, dur pour le beau
mini-bus ! On le sent : les problèmes politiques montent d'un cran.
Dans la capitale, les ministères, la Chambre des députés et les points
stratégiques sont fermés : l'asphyxie commence.
Makhamtao – Avant la nuit, qui tombe net à 18h30, nous
préparons nos lits, dans la maison natale de Montri. Pour nous, confort
sommaire, pour les villageois, installation luxueuse. Notre belle-soeur Phi-Nid
a préparé le dîner ; elle a vécu à Bangkok et nous sert des mets raffinés,
pour notre plus grand plaisir. Revers de ces délices gastronomiques, un excès
de sucres cachés. Phi-Nid souffre de diabète et je la vois vieillir d'année en
année.
Pas besoin de réveille-matin : un concert d'aboiements,
de cocoricos, de cris d'oiseaux de nuit , nous a depuis longtemps tirés du
sommeil. Bien avant six heures, les villageois ont mis à cuire la soupe de riz,
allumé la télé – chacun profite à plein de celle de son voisin. Les événements
de la capitale inquiètent – tous ici y ont de la famille ; les femmes
restent figées devant le poste. En ce début de février, on déplore déjà 24
morts dont 3 enfants.
Douche « à la gamelle », petit-déjeuner léger
suivi - passage obligé- d'un salut matinal au vieux tamarin, petit tour vers
les rizières, puis départ en mini-bus pour Ban Sataey à 2 km du village. Près
de sa maison, une de nos « locataires » arrose ses œillets d'Inde.
Nous, les farangs, créons l'événement en allant déguster une
soupe à la gargote locale . Avec ses 20 grammes de viande, nous avons là un
délicieux repas complet, servi par le mari de la cuisinière. Attention aux
épices : mieux vaut suivre les conseils de Montri.
14h30 - Nous nous rendons à l'école pour la réception officielle des logements sociaux en présence du maire, du président de la communauté de communes, du président des parents d'élèves et du responsable de la bourse Kangkorn. Kou Modt , qui souhaite prendre la parole, a fait venir de Ban Mi un officier de police. Ce représentant de la loi, sera le garant de ses propos, que l'auditoire, locataires, parents, voire enfants, pourrait par la suite déformer ; règlement relatif à l'occupation des maisons, droite et devoirs des locataires, entretien des lieux.
Profitant de cette présence, elle fait venir Yuttaphun
Roadsatien, 13
ans ; lui si brillant glisse sur une mauvaise pente :
comportement anormal, fréquentations douteuses. L'officier de police lui
adresse des remontrances qui le laissent de marbre. L'uniforme n'impressionne
que les enfants irréprochables !!!
Je prends la parole pour signifier que nous n'hésiterons pas à sanctionner ce jeune – nous en reparlerons. Nous avons constaté une baisse d'effectif de 11 élèves .Je mets donc en garde l'école contre un certain laxisme qui pourrait faire fuir les bons élèves. Notre établissement ne doit pas servir à garder dans le système les enfants à problèmes au détriment des autres. L'assistance adhère à mes propos ; la vigilance est indispensable.
Deux heures plus tard, nous partons pour Bangkok où
Jean-Michel et Martine sont attendus par leur filleule Maivalie, qui vit avec
ses parents dans le quartier de Don Meung. Les parrains arrivent souvent,
porteurs d'un cadeau, remis après les salutations d'usage, mais qu'il n'est pas
coutume d'ouvrir aussitôt. Dans ce cas précis, le cadeau étant un PC, il est
indispensable de s'assurer que Maivalie sait s'en servir, se connecter à
Internet , utiliser une clé 3G. Hélas, la connexion ne fonctionne pas malgré
l'intervention d'un voisin, féru de Wi-Fi ; il faudra l'intervention d'un
ancien mécanicien ayant travaillé à Toulouse sur l'airbus A380 pour résoudre le
problème.
Depuis le matin, une toux tenace nous gêne, Martine et moi.
A présent, nous toussons à fendre l'âme et la température commence à
monter. Vivement l'hôtel et le lit ! Quelle frustration pour
Martine ! L'eau chaude calme un peu l'irritation de la gorge mais les
pastilles-miracles ne font ni chaud ni froid. Le lendemain, je ne peux me
lever. Jean-Michel, Martine et Montri, en meilleur état , partent pour la
journée visiter l'ancien Siam (Mueng Boran). A leur retour, j'ai retrouvé une
petite forme grâce aux médicaments mais Jean-Michel souffre d'un bon mal de
gorge et Montri, lui, accuse la fatigue. Il doit pourtant se lever à 4h30 et
partir en mini-bus accueillir et ramener à l'hôtel, le groupe d'Inner Wheel -
sept personnes qui atterrissent à 6h15 : sa future présidente, madame Nadine
Sergent, accompagnée de son époux Dominique et de leur fils Benoît, de la
secrétaire, madame Christiane Geslin et son époux Albert, et d'un autre couple,
Lili et Patrick. Après un moment de repos, ils repartent, seuls, visiter le
Palais Royal. Pour nous, ce sera un passage par le quartier chinois afin d'
acheter des articles que nous revendrons en France. Le bénéfice ainsi réalisé
nous permet de bâtir, de mener quelques actions sociales, sans toucher aux
dons, réservés aux enfants et à l'école. Nos amis marollais, repartiront le
lendemain chargés de treize kilos d'artisanat.
Avec notre nouveau groupe, nous visitons le marché flottant et un quartier de Bangkok. Au Siam Center, nous nous retrouvons entourés de manifestants plutôt pacifiques tout de violet vêtus.
Dès le lendemain, nous partons pour Makhamtao via
Ayutthaya ; coup d'oeil sur l'école et première idée du travail accompli
par l'association, visite au vieux tamarin, aperçu des rizières et promenade
dans le village. Impossible d'y dormir cette fois : ce sera l'hôtel à Ban
Mi, le filet d'eau aux robinets excluant un séjour simultané de neuf personnes.
Nous dînons sur la place du marché. A 21 heures, la fatigue nous ramène à
l'hôtel.
Le lendemain, nous sommes reçus à l'école, devenue depuis
2012, école pilote nationale où se côtoient des bâtiments et des équipements
très performants et du mobilier parfois franchement archaïque.
Moment solennel ; celui de la remise du fanion Inner Wheel. L'association nous a déjà fait plusieurs dons ; le prochain nous aidera à construire une nouvelle maison. Les négociations pour le terrain sont en cours ...façon thaïe. Impossible de voir le titre de propriété ! Chacun détient ses propres titres ; gare à l'étourdi qui les a perdus ou au malchanceux qui les a laissés en dessert aux termites ! Il n'existe aucun double administratif.
Le soir, dîner préparé par Phi Nid, puis retour à l'hôtel
avant le départ pour un périple de 3000 km au cours duquel nous restons en
relation avec Kou Modt au sujet du projet de maison.
Mardi 18 février -
Mauvaise nouvelle : l'épouse du frère aîné de Montri
est hospitalisée pour une mauvaise bronchite. Ses moyens lui permettent
d'éviter la salle commune, ce qui est rarement le cas en Thaïlande. En dépit de
nos problèmes, en France, nous ne mesurons pas notre chance !
La première tâche de Montri est de régler, avec Kou Modt, la
situation de la maman de 16 ans . La famille Moreau, qui la parraine, a
souhaité qu'on lui remette le solde de son compte scolaire pour le bébé, soit
10 000B (la grand-mère a une retraite de 500B, soit à peine 13 euros). Nous lui
expliquons que ce don est une sorte de faveur et que l'arrêt, décidé, de la
bourse scolaire n'est pas une sanction, mais qu'elle n'a plus d'objet. Photo à
l'appui, nous lui remettons la somme en mains propres puis nous reprenons nos
visites.
Courriers, traductions, comptes-rendus , représentent plus
de 200 documents à travailler, sans compter le classement des 900 photos à
envoyer aux parrains.
Après un premier petit tour dans les rues, nous partons pour
Ban Sataey, déguster une soupe traditionnelle. Les enfants, Lilan et Théo ,
sont très attentifs mais on les sent désorientés par le regard des
gens eux-mêmes perplexes ; ils ont l'air thaï mais ils sont devenus
français ! Montri dissipe le malentendu et tout s'éclaire – vivre au pays
des farangs, quelle chance !
Nous avons rendez-vous à l'école ; ambiance studieuse pour les examens de fin d'année ; les grandes vacances approchent. Nous retrouverons Priyakoun à 16 heures, à la maison de son grand-père avec lequel il vit. Le pauvre homme, au dos cassé, déformé par la scoliose, ne peut plus travailler. Son petit-fils l'aide pour le ménage et la cuisine mais il fait la lessive. Le garçon a balayé la cour pour recevoir ses parrains- ce sera bien pour essayer le beau vélo qu'ils lui offrent. Quelques poules picorent dans la cour ; le repas du soir se compose souvent d'un peu de riz et d'un œuf dur. Gérard est tout retourné. Entre savoir et voir, quel écart ! Théo préfère s'éloigner, Lilan s'approche du garçon : elle ne vit en France que depuis cinq ans et demi.
Nouvelles des locataires des maisons du Lions Club
La famille Roadsatien habite la première depuis mai 2013
avec ses trois enfants. Le fils aîné, Satkawat, entrera en 2e année de Bac Pro
à la rentrée (mai 2014) à Lopburi. Il travaille bien.
La cadette, Silatip, achève sa scolarité à Ban Sataey. (la
lauréate du concours d'orthographe et d'anglais, à Cha-Am, c'est elle!)
Pour le troisième, Yuttaphun, c'est une autre histoire (le
garçon, de marbre devant l'officier de police, c'est lui!). La bourse sera
suspendue un an, lui qui se vante de cette bourse, peut-être va-t-il réfléchir.
La maman prend grand soin de la maison et de ses oeillets
d'Inde...Le père, squelettique ne trouve pas assez de travail ; la
mécanisation des rizières n'arrange rien. Il n'a aucune autorité sur ses
enfants.
Dans la deuxième maison (vide à notre arrivée et pour
laquelle, mécontents, nous nous étions retrouvés, soudain, avec deux occupants
possibles) vit à présent la famille de Nodpanate Ong-Ard ; Bien installés,
ils ont même peint les piliers de la maison et les murs extérieurs de la salle
de bains !
Compte rendu des parrains en visite à Makhamtao 2014 : http://montrietguysuivent.blogspot.fr/